Tiens, ça me rappelle cette histoire vraie que j'ai vécue
![Wink ;)](./images/smilies/icon_wink.gif)
Il y a bien longtemps, j’étais Moniteur au cours le Chef de Patrouille, au Luc. Chose rarissime pour le cours, une « mission » tombe de la part des OPS de l’école.
Etant volontaire, je découvre la mission et mon Cdb : il faut aller chercher au petit jour, un, non :
"LE" Général à Marseille, en pleine ville dans une caserne ou il avait dormi je crois.... puis l'emmener à Canjuers et Fréjus pour des inspections et enfin le déposer à Hyères ou un "Paris" de l'Armée de l'Air doit l'emmener à Paris. C’est une mission du niveau d’un « Sergent pilote » Mais, on est en Ecole et pour se "border le c.." comme on dit et au cri de
"pas d'emmerdes ouvrons les parapluies", les "OPS" avaient voulu un équipage complet avec un sous-off Monit (moi) comme pilote et un Officier pilote comme Cdt de bord.
Dans le petit matin d’hiver, sur le parking, je découvre ma 342 et mon Cdb, un sympathique Capitaine de l’escadrille 342 que je ne connais pas mais qui détient tous les éléments et l’ordre de mission.
Je passerai sur tous les détails relevant du secret défense ;) qui ont émaillé cette mission, pour ne parler que d'un incident.
Donc : Le Luc /Marseille : RAS, la machine est au top, le Capitaine fait la radio, navigue pile poil et il fait beau CAVOK. Nous sommes posés en avance sur l’heure du rendez-vous et Le « Poireau » et son porte serviette arrivent bien à l'heure sur la DZ. A peine le temps d’un salut et le Général s’installe en place avant gauche sans un mot pour le Cne (surement l’habitude de voler avec des sergent..) Rien de bien méchant, on va pas en faire une histoire et puis, c’est l’Autorité et tout doit être fait pour lui plaire.
Le Cne s’installe donc en place arrière. Décollage de Marseille pour Canjuers : RAS, Marseille /Canjuers, la nav n'est pas trop dure même sans carte et tout se passe bien. Posé sur la DZ, une voiture attend le poireau pour l'inspection. Le Cne et moi-même l'attendons longuement en devisant tranquillement quand, Le Général qui était maintenant franchement à la bourre sur son programme, revient en coup de vent sur la DZ et ordonne un décollage "immédiat" pour Fréjus et le RIMA (Régiment d'infanterie de Marine) ou il est attendu pour la suite de l’inspection....
Je mets en route, le Général s'installe de nouveau devant, à gauche le Cne en place arrière. Je décolle tout sous le bras et je mets la cap direct, en descente, vers Fréjus...100 kts, Je passe la deuxième butée et comme le Général est en retard, me voilà en léger piqué, proche de la VNE (près de 170 kts ) droit sur la côte d'Azur. On a décollé depuis à peine deux minutes et j'ai 15 minutes de vol pour atteindre Fréjus. Je fais rapidement une check cabine pour vérifier que je n'ai rien oublié vu le décollage express : tout vas bien et je me dis : "tiens, puisque j'ai 15 minutes, je vais en profiter pour faire le transfert carburant". Pour les ignorants, sur Gazelle, il y a un réservoir supp de 90 l sous le plancher cabine et il faut transférer le carburant dans le réservoir principal pour pouvoir l'utiliser et bénéficier ainsi d'une rallonge d'autonomie de 30').
Je lâche le pas général ( 170 kts en deuxième butée...) pour avancer la main gauche vers l'interrupteur de la pompe de transfert qui est à peine à quelques centimètres du bout de mes doigts et là, le général qui avait une main en bois, s'appuie sur le pas général à sa gauche et qui n'avait pas été démonté puisque à l'origine il devait y avoir un pilote en place gauche.
Le Général plein d'autorité n’avait pas mis son casque « pax », plein d’autorité, il ne s’était pas attaché, plein d'autorité, il portait une énorme "capote", le long manteau de la tenue d'hiver modèle 63 et il avait gardé son képi étoilé sur la tête. Comme il n’y avait pas la lunette de tir en place, il avait de la marge avec le plafond en plexi.
Au moment où il a appuyé fermement sur la commande de pas général, l'incidence des pales s'est brutalement retrouvée quasiment nulle et tout le monde s'est retrouvé, en apesanteur mais pendu dans ses bretelles respectives... pas lui puisqu'il s'en était exempté.....Résultat : Il a été tutoyer violemment le plafond de la cabine avec sa tête et son kébour servant d’amortisseur est venu s'enfoncer sur ses yeux. J'ai gueulé comme un putois, repris le contrôle. Il n'a rien dit jusqu’à Fréjus.
Mais, moi, je me rappellerai toujours avec un grand bonheur la tête du Poireau ( la plus haute autorité militaire de l'époque) avec son képi enfoncé jusqu'aux yeux, comme dans un sketch de Fernand Raynaud....