SF260 a écrit :Si on devait faire tout de façon identique aux autres compagnies qui n'ont pas d'accident, il faudrait aussi peindre les avion en bleu (KLM n'a pas d'accident), être basé en Allemagne (Lufthansa n'a pas d'accident) etc....
Il n' y a aucune raison d'utiliser l'argument des accidents quand on parle d'une différence qui n'a pas induit d'accidents.
Il est normal qu'il existe des différences tant que ces différences ne sont pas accidentogènes, il n'y a pas de raison de les dénoncer au non du bilan des accidents.
Je crois que malheureusement nous ne pouvons plus nous payer le luxe d'ergoter là-dessus.
Il y a des problèmes comportementaux, comme tu le soulignes à juste titre, il y a aussi des procédures qui amènent à laisser exister ces comportements. Mais c'est un autre débat, tout aussi important, voire plus important que celui de la langue de travail.
Il est inadmissible que sur des procédures importantes un exploitant décide de faire autrement que le constructeur de la machine.
Il est inadmissible qu'un exploitant ne donne pas aux utilisateurs des machines une documentation que le constructeur a créée pour les machines qu'il a construites.
Il nous faut donc, comme la majorité des autres compagnies aériennes, la documentation du constructeur, agrémentée de quelques consignes compagnie (il n'est pas nécessaire de tout réinventer dans un "gen ops" de 1500 pages, beaucoup d'autres compagnies ont une partie A bien plus simple tout en répondant aux exigences réglementaires).
On se reportera à ce document :
http://www.developpement-durable.gouv.f ... reface.pdf
en particulier la première phrase du chapitre 0.5 et le chapitre 0.7
Alors nous faut-il un FCOM traduit en français ou pas ?
Bien sûr qu'il est plus simple pour un francophone de lire du français. Pour la mémorisation, il n'est pas certain que ce soit mieux en français qu'en anglais.
Le traducteur va porter une lourde responsabilité juridique : travailler avec une traduction de la doc, ce n'est pas travailler avec la doc originale.
Le service juridique va peut-être vouloir arréter les frais et nous faire utiliser la doc constructeur brute de décoffrage, afin d'éviter tout litige en cas d'incident ou accident.
Utiliser l'anglais au sol ? Oui, on devrait y venir aussi.
Mais ne nous inquiétons pas, les mécaniciens l'utilisent depuis bien longtemps.
Ils ont les AMM, TSM originaux, tous les documents de maintenance et de modification émanant des constructeurs arrivent tels quels, sans traduction.
D'ailleurs dans ton avion tu as un petit livret rouge (dans la sacoche maintenance), qui décrit quelques opérations de maintenance réalisables en escale. Dans quel langue est-il écrit ?
Quand tu arrives en escale le soir et que le mécanicien te demande de lui traduire toutes les pages d'ATL écrites en français parce qu'il ne comprend pas les plaintes, crois-tu qu'on va dans le sens de l'amélioration de la sécurité des vols ?
Nous ne sommes pas seuls sur la planète, les autres font autrement que nous, et ont souvent de meilleurs résultats.
Alors parler anglais dans les cockpits et avec les mécaniciens et l'ATC n'est pas forcément suffisant pour améliorer notre performance, mais il n'est pas prouvé que cela la dégraderait.
Et cela simplifierait pas mal de choses, par ailleurs.
Le français pour tout le reste des activités de la vie, oui.
Allez, tu voles 80 heures par mois, les bons mois.
Tu passes 10 heures par mois à potasser ta doc et à travailler tes procédures (je suis généreux).
Ca fait 90 heures par mois à travailler en anglais.
Il te reste 630 heures pour parler français.
Ce n'est pas ce qu'on peut appeler la mort d'une langue !