Salut Totofe!
Merci pour le post plein d'optimisme!
Pour ma part je ne voudrais pas donner l'impression d'être aigri. Surtout pas! J'ai 48 balais, et j'ai eu la chance d'avoir une carrière "straightforward". Stage de planeur il y a exactement 30 ans, en août 1982, puis sélection réussie au titre du PN de l'armée de l'air en septembre 1983. Carrière de pilote de transport.
Entre temps j'ai passé les certifs théoriques du PL, j'ai fait faire l'équivalence entre le brevet 2nd degré militaire et le Brevet de Pilote Professionnel, puis j'ai rapidement passé le test IFR au sein d'une école basée à Toussus. Désolé, je parle avec les termes anciens, PP, IFR, etc.
Fin de ma carrière au sein de l'armée. En gros 6 mois avant la fin de mon contrat avec le ministère de la Défense, j'envoie des CV partout, à tire larigo.
Gros coup de pot, je suis appelé par mon employeur actuel en gros 3 mois avant ma fin de contrat avec l'armée, pour une sélection. Sélection que j'ai la chance de réussir. Nous étions début 2000. QT B747 "Classic" payée par la boîte.
Depuis, j'ai la chance de travailler pour cet employeur, dans des conditions dont je continue de penser qu'elles sont confortables. Bien que je sois toujours OPL (sans doute le prix à payer pour voir les sapins de ma Saône et Loire natale en ouvrant la fenêtre le matin, et pas un tas de sable, ou le Yang Tsé Kiang
![Rolling Eyes :roll:](./images/smilies/icon_rolleyes.gif)
), stagnation économique oblige (donc pas d'augmentation de flotte, et donc pas de renforcements d'effectifs), je pense pouvoir dire que je bénéficie de conditions enviables. Salaire OK, qualité de vie correcte, et job super plaisant en tant que pil sur gros-porteur (B747-400 pour quelques mois encore, puis A330 ensuite), sur un réseau de type DOM-TOM (plus quelques "apetizers").
Qui plus est, en tant qu'heureux proprio d'un petit Jodel D18, je continue de voler "pour le fun", aux commandes d'une trapanelle avec laquelle je pratique le vol "instinctif".
Mais quand je vois les conditions d'embauche actuelles dans nombre de boîtes se prétendant de 1ère ligne....
Le stagiaire prié de financer sa QT, bien entendu. En France, cette mode a été initialisée par l'ineffable Lofti Belhassine, alors PDG d'Air Liberté, en 1991. Depuis, c'est devenu un standard. Une boîte comme la mienne, nous payant la QT à l'embauche, devenant l'exception (et encore, dans certains cas, la QT obtenue originellement était tout de même de rigueur).
Puis sont apparues les boîtes qui embauchaient QT en poche, mais qui ne payaient rien tant que l'AEL n'était pas terminée.
Ceci ne suffisant sans doute pas, on en arrive aux boîtes qui font PAYER les stagiaires, pour un bloc d'heures de vol en AEL!!!!
Tout ceci pour des salaires qui deviennent de plus en plus minables, genre 2000€ nets pour un copi A320, soit moins que le salaire d'un machiniste de bus à la RATP..... Après l'AEL (payante, donc), bien entendu.
Quand je vois cela, bien que passionné d'aviation, je n'arrive tout simplement pas à motiver les jeunes pour une carrière de navigant professionnel.
Je leur conseille donc de bosser à donf à l'école, pour devenir avocat international, patron du CAC40, ou footballeur, ou acteur de cinéma, ou rock-star, et s'ils sont toujours intéressés par le vol, de se faire plaisir et de s'offrir un Bonanza, ou un King200 pour ceux qui réussissent un peu, ou un Gulfstream IV pour ceux qui réussissent bien, ou un B747-400 pour ceux qui réussissent beaucoup (avec des apetizers, genre un Extra 330, ou un Spit, ou un Mustang, ou un B25, pour ceux qui ont encore des brouzoufs en rab.... ).
Mais pas de devenir pilote de ligne.
C'est triste, mais c'est comme cela....