Histoires de thrombose (phlébite et embolie pulmonaire)
Histoires de thrombose (phlébite et embolie pulmonaire)
La relation entre le voyage aérien et la thrombose veineuse fût évoquée pour la première fois en 1954. Depuis, ce thème a fait l'objet de nombreuses publications dans la littérature médicale : la méthodologie des études prouvant la réalité d'un "syndrome de la classe économique" était systématiquement remise en cause.
En 2001, une équipe française (Lapostolle & coll. du SAMU 93) démontre que la fréquence de l'embolie pulmonaire augmente avec la durée, et donc la distance du vol : pour la première fois, la relation entre la thrombose veineuse et le voyage aérien est établie de façon indiscutable.
Mais ce résultat ne permet pas de préjuger des mécanismes sous-jacents : la thrombose est-elle seulement favorisée par la position assise prolongée, comme beaucoup le pensent? En effet, la phlébite n'est pas l'apanage du voyage aérien : elle est notamment décrite chez des patients ayant réalisé un long voyage en voiture. Ainsi, d'autres facteurs de risque pourraient être incriminés: comportementaux (consommation d'alcool par ex) ou surtout environnementaux (hypoxie hypobarique de la cabine, taux d'humidité, etc.)
Cette semaine, une étude très intéressante est publiée dans le Lancet, l'une des revues les plus prestigieuses de la littérature médicale. Les auteurs néerlandais (Schreijer et coll.) ont recruté 71 volontaires sains qui ont été soumis successivement - à quelques semaines d’intervalle - à un vol aérien de 8 heures en Boeing 757 décollant et atterrissant à Amsterdam dans les conditions d’immobilisation standard d’un voyage long courrier (immobilisation plus hypoxie hypobarique), à une séance marathon de 8 heures de cinéma (immobilisation prolongée sans hypoxie hypobarique) et à leur condition de vie normale (ni immobilisation, ni hypoxie). Au cours de ces trois périodes de 8 heures il était demandé aux sujets de conserver une consommation d’eau constante et naturellement de s’abstenir de la prise de tout médicament et de toute boisson alcoolisée. Trois prélèvements sanguins ont été pratiqués avant pendant et à la fin de ces 3 périodes de 8 heures au cours desquelles ont été mesurés des marqueurs de l’activation de la coagulation.
Pour faire simple : les concontrations de ces marqueurs n'ont augmenté de façon significative qu'après le vol. Ainsi, pour la première fois, une étude suggère que ce serait le vol lui-même, et non l’immobilisation qui lui est liée, qui soit en cause dans l’activation de la coagulation qui est l’un des facteurs favorisant les thromboses veineuses après des trajets aériens prolongés.
Pour déterminer précisément quel facteur spécifique à l'environnement de la cabine serait en cause dans la formation de la thrombose - on pense surtout à l'hypoxie hypobarique - il faudrait refaire le même type d'expérience dans les 2 situations suivantes : vol "normal" et vol pressurisé.
NB La phlébite est une thrombose (c'est-à-dire un caillot) qui se forme dans les veines profondes des jambes. Elle peut se compliquer d'une embolie pulmonaire si le caillot migre dans une artère pulmonaire.
NB' La partie du texte en italique provient de l'article suivant : http://www.jim.fr/jim/data/bdc/base/37/ ... /index.htm
NB'' Désolé d'être moins passionnant que les fans du syndicalisme...
En 2001, une équipe française (Lapostolle & coll. du SAMU 93) démontre que la fréquence de l'embolie pulmonaire augmente avec la durée, et donc la distance du vol : pour la première fois, la relation entre la thrombose veineuse et le voyage aérien est établie de façon indiscutable.
Mais ce résultat ne permet pas de préjuger des mécanismes sous-jacents : la thrombose est-elle seulement favorisée par la position assise prolongée, comme beaucoup le pensent? En effet, la phlébite n'est pas l'apanage du voyage aérien : elle est notamment décrite chez des patients ayant réalisé un long voyage en voiture. Ainsi, d'autres facteurs de risque pourraient être incriminés: comportementaux (consommation d'alcool par ex) ou surtout environnementaux (hypoxie hypobarique de la cabine, taux d'humidité, etc.)
Cette semaine, une étude très intéressante est publiée dans le Lancet, l'une des revues les plus prestigieuses de la littérature médicale. Les auteurs néerlandais (Schreijer et coll.) ont recruté 71 volontaires sains qui ont été soumis successivement - à quelques semaines d’intervalle - à un vol aérien de 8 heures en Boeing 757 décollant et atterrissant à Amsterdam dans les conditions d’immobilisation standard d’un voyage long courrier (immobilisation plus hypoxie hypobarique), à une séance marathon de 8 heures de cinéma (immobilisation prolongée sans hypoxie hypobarique) et à leur condition de vie normale (ni immobilisation, ni hypoxie). Au cours de ces trois périodes de 8 heures il était demandé aux sujets de conserver une consommation d’eau constante et naturellement de s’abstenir de la prise de tout médicament et de toute boisson alcoolisée. Trois prélèvements sanguins ont été pratiqués avant pendant et à la fin de ces 3 périodes de 8 heures au cours desquelles ont été mesurés des marqueurs de l’activation de la coagulation.
Pour faire simple : les concontrations de ces marqueurs n'ont augmenté de façon significative qu'après le vol. Ainsi, pour la première fois, une étude suggère que ce serait le vol lui-même, et non l’immobilisation qui lui est liée, qui soit en cause dans l’activation de la coagulation qui est l’un des facteurs favorisant les thromboses veineuses après des trajets aériens prolongés.
Pour déterminer précisément quel facteur spécifique à l'environnement de la cabine serait en cause dans la formation de la thrombose - on pense surtout à l'hypoxie hypobarique - il faudrait refaire le même type d'expérience dans les 2 situations suivantes : vol "normal" et vol pressurisé.
NB La phlébite est une thrombose (c'est-à-dire un caillot) qui se forme dans les veines profondes des jambes. Elle peut se compliquer d'une embolie pulmonaire si le caillot migre dans une artère pulmonaire.
NB' La partie du texte en italique provient de l'article suivant : http://www.jim.fr/jim/data/bdc/base/37/ ... /index.htm
NB'' Désolé d'être moins passionnant que les fans du syndicalisme...
Salut Hippoc ,
Pas de raison d'être désolé , ce genre de sujet est plus souvent passionnant et instructif que les " élucubrations " qui ornent généralement ( à quelques exeptions près ) les topics " syndicats "
La question que je me pose en lisant ton post , est de savoir si un jour la question a été posée de savoir quelle était l'altitude cabine la moins néfaste pour un vol préssurisé .On cherche souvent à faire le plus près possible du niveau sol . Mais si on avait des études sur un vol non préssurisé , disons à 9000 pieds , et sur un vol préssurisé à 30000 pieds , avec altitude cabine de l'ordre de 4000 pieds quel serait le résultat?
Qui plus est quid de l'atmosphère à bord ( température et humidité ?)
Pas de raison d'être désolé , ce genre de sujet est plus souvent passionnant et instructif que les " élucubrations " qui ornent généralement ( à quelques exeptions près ) les topics " syndicats "
La question que je me pose en lisant ton post , est de savoir si un jour la question a été posée de savoir quelle était l'altitude cabine la moins néfaste pour un vol préssurisé .On cherche souvent à faire le plus près possible du niveau sol . Mais si on avait des études sur un vol non préssurisé , disons à 9000 pieds , et sur un vol préssurisé à 30000 pieds , avec altitude cabine de l'ordre de 4000 pieds quel serait le résultat?
Qui plus est quid de l'atmosphère à bord ( température et humidité ?)
Merci, Ancien, de l'intérêt que tu portes à ce problème. Pour répondre à ta question, en théorie le vol non pressurisé à 9000 pieds serait plus à risque de favoriser la thrombose, comparativement au vol pressurisé avec une altitude-cabine de 4000 pieds. Mais en effet, ce n'est que de la théorie supposant que l'hypoxie hypobarique soit le principal facteur favorisant l'activation des facteurs de la coagulation.
Je viens de retrouver un article publié en 2001, dans lequel des chercheurs avaient recréé au sol les conditions de vol en terme d'altitude-cabine: ils avaient déjà montré le rôle néfaste de l'hypoxie hypobarique. Mais une fois de plus, cette étude expérimentale avait fait l'objet d'une controverse. En voici un extrait :
http://www.hawaii.edu/hivandaids/HIV-1% ... atment.pdf
Comme tu peux le constater, la recherche de la cause exacte s'avère difficile. En tout cas, je ne suis pas certain que l'étude citée dans mon premier post réjouisse les compagnies aériennes et les constructeurs.
Si quelqu'un veut compléter ou corriger mes propos, qu'il n'hésite pas !
Je viens de retrouver un article publié en 2001, dans lequel des chercheurs avaient recréé au sol les conditions de vol en terme d'altitude-cabine: ils avaient déjà montré le rôle néfaste de l'hypoxie hypobarique. Mais une fois de plus, cette étude expérimentale avait fait l'objet d'une controverse. En voici un extrait :
http://www.hawaii.edu/hivandaids/HIV-1% ... atment.pdf
Comme tu peux le constater, la recherche de la cause exacte s'avère difficile. En tout cas, je ne suis pas certain que l'étude citée dans mon premier post réjouisse les compagnies aériennes et les constructeurs.
Si quelqu'un veut compléter ou corriger mes propos, qu'il n'hésite pas !
Hippoc ,
Ton lien vers un texte en anglais avec plein de termes professionnels , m'a paru assez complexe et pour tout te dire au dessus de mes connaissances linguistiques.
Pour autant je me pose une question sur l'hypoxie hypobarique dont tu parles.
J'avais cru comprendre que ce symptome apparaissait en cas de diminution de l'oxyigène due à l'altitude . Est ce le cas dans l'atmosphère préssurisée d'un avion de ligne N'y a t-il pas surtout un problème d'immobilité lié à une pression plus faible ?
Ton lien vers un texte en anglais avec plein de termes professionnels , m'a paru assez complexe et pour tout te dire au dessus de mes connaissances linguistiques.
Pour autant je me pose une question sur l'hypoxie hypobarique dont tu parles.
J'avais cru comprendre que ce symptome apparaissait en cas de diminution de l'oxyigène due à l'altitude . Est ce le cas dans l'atmosphère préssurisée d'un avion de ligne N'y a t-il pas surtout un problème d'immobilité lié à une pression plus faible ?
- opslady
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- Localisation : au bout du gros lac d'Al Capone
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Moi, j'allais te demander si les scientifiques ont trouve de tels resultats dans les montagnes, vu le peu d'oxygene (moi le plus haut, c'etait Pike's Peak, 14,000 ft..le mal d'altitutude , mais pas de thrombose a ma connaissance,moi!)
Et puis j'ai lu ton lien en anglais (t'inquiete, Ancien, moi aussi j'ai eu du mal a lire ca!!).
J'avais compris 2 resultats un peu contradictoires--> oui, une augmentation de la coagulation (les gens au repos), mais pas de difference importante pour les alpinistes qui montaient tres haut en 22 heures..soit des gens qui bougaient.
J'ai bon, ou j'ai tout rate?
C'est une etude interessante, Hippoc Medicine-Man!
Et puis j'ai lu ton lien en anglais (t'inquiete, Ancien, moi aussi j'ai eu du mal a lire ca!!).
J'avais compris 2 resultats un peu contradictoires--> oui, une augmentation de la coagulation (les gens au repos), mais pas de difference importante pour les alpinistes qui montaient tres haut en 22 heures..soit des gens qui bougaient.
J'ai bon, ou j'ai tout rate?
C'est une etude interessante, Hippoc Medicine-Man!
L'humour n'est pas incompatible avec la competence.
(Old Irish Proverb, circa 1999)
(Old Irish Proverb, circa 1999)
D'une façon générale 3 mécanismes sous-tendent la formation d'une thrombose veineuse:Ancien a écrit :L'hyppoxie dont tu parles est elle si importante dans le cas d'une cabine préssurisée pour amener à une thrombose , ou bien la position assise pendant des heures n'est elle pas le facteur déterminant ?
- les lésions des vaisseaux,
- la stase veineuse (ralentissement du flux sanguin),
- et l'hypercoagulabilité.
Dans le contexte d'une cabine d'avion, on peut donc en conclure que plusieurs facteurs sont susceptibles de favoriser l'apparition d'une phlébite; je citerai :
- la station assise prolongée (=> stase veineuse +++ par compression et immobilisation)
- l'hypoxie hypobarique, la déshydratation, la consommation d'alccol (=> hypercoagulabilité +++).
Jusqu'à maintenant, on pensait que la station assise prolongée constituait le principal facteur favorisant la formation de la thrombose. Mais l'étude mentionnée dans mon premier post suggère qu'il s'agit plutôt de l'hypoxie hypobarique. Cela n'exclut cependant pas une participation des autres facteurs. D'ailleurs, dans l'étude en question, l'augmentation des marqueurs de la coagulation était plus importante chez les femmes porteuses d’un facteur V Leiden (anomalie d'un facteur de la coagulation) sous contraception orale: 2 facteurs favorisant l'hypercoagulabilité).
Rectificatif - Voici la phrase exacte des auteurs dans la conclusion du résumé de l'article: "Activation of coagulation occurs in some individuals after an 8-h flight, indicating an additional mechanism to immobilisation underlying air travel related thrombosis."
Réponse correte, one point for Opslady1 ! Et un bisou !opslady a écrit :J'avais compris 2 resultats un peu contradictoires--> oui, une augmentation de la coagulation (les gens au repos), mais pas de difference importante pour les alpinistes qui montaient tres haut en 22 heures..soit des gens qui bougaient. J'ai bon, ou j'ai tout rate?:
Selon les auteurs, la différence s'expliquerait par des méthodes d'expérience différente, dont le fait que les alpinistes soient partis d'une altitude plus haute.
Merci.C'est une etude interessante, Hippoc Medicine-Man!
Je serai curieux de voir la conséquence de cette nouvelle étude sur l'issue d'un prochain procès...
Bon , pour résumer ma pensée :Hippoc a écrit :-
- l'hypoxie hypobarique, la déshydratation, la consommation d'alccol (=> hypercoagulabilité +++).
. D'ailleurs, dans l'étude en question, l'augmentation des marqueurs de la coagulation était plus importante chez les femmes porteuses d’un facteur V Leiden (anomalie d'un facteur de la coagulation) sous contraception orale: 2 facteurs favorisant l'hypercoagulabilité).
Je serai curieux de voir la conséquence de cette nouvelle étude sur l'issue d'un prochain procès...
Si j'ai soif , et celà m'arrive souvent , et que je déclare ignorer que la consommation d'alcool augmente l'hypercoagulabilité , je peux attaquer la compagnie pour mise en danger de ma santé ( que je sache il n'est pas précisé ce risque sur les bouteilles de whisky! ) du moment qu'elle m'en propose
Par ailleurs , des femmes sous contraception orale , dans un avion , il y en a sûrement . Donc au premier problème elles peuvent attaquer la compagnie ?
Donc faut interdire l'avion aux nanas sous pilule et aux mecs assoiffés . Va plus rester grand monde dans le cabine !
- Christophe_O
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Salut à tous,
Je suis complètement profane sur ce sujet, mais très intéressé par lui.
Une question me vient à l'esprit.
Je prends le cas d'une personne déjà atteinte par une phlébite (thrombose veineuse?), et donc sous traitement médical.
Peut-elle prendre l'avion sans risque, du moins avec moins de risque d'embollie pulmolaire que le passager lambda, justement car déjà sous traitement?
Je suis complètement profane sur ce sujet, mais très intéressé par lui.
Une question me vient à l'esprit.
Je prends le cas d'une personne déjà atteinte par une phlébite (thrombose veineuse?), et donc sous traitement médical.
Peut-elle prendre l'avion sans risque, du moins avec moins de risque d'embollie pulmolaire que le passager lambda, justement car déjà sous traitement?
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