ATCO51 a écrit :Et par curiosité, c'est quoi le programme, la destination ?
Fait nous rêver quoi
Un programme de rêve en fait, complètement hallucinant et féérique même : on va passer 3 heures à se faire enregistrer, deux pour monter dans l'avion sans se bousculer trop, on décolle puis on tourne en rond pendant 7 heures en remplissant des questionnaires pour savoir si on ne se gèle pas trop les arpions et si le temps d'embarquement ne nous a pas trop énervé.
Enfin on atterrit, toujours à Toulouse sauf si le pilote est joueur et tente Muret dont la peinture est encore humide, et on met 2 heures à sortir de l'avion en bon ordre.......
Lundi, 7 h :
le réveil de l'hôtel puis mon portable sonnent, il ne s'agissait pas en effet de faire la grasse matinée.
Le vol est à 10 heures, et comme je n'ai pas reçu de consigne particulière pour l'enregistrement, je tâcherai d'y être deux heures avant. C'est sans doute trop, mais il y aura sans doute beaucoup à regarder ou à discuter en attendant.
7h10 je quitte l'hôtel, m'empiffre de 3 pains au choc et d'un jus d'orange car je ne pense pas qu'on aura à manger avant midi... L'avenir me démentira.
7h20 la navette pour l'aéroport
7h50 j'arrive à Blagnac.
L'aérogare est vraiment calme à cette heure-là.
Une large allée pour le vol "XXL01", c'est ainsi qu'il est même présenté sur les écrans des départs. Je suis seul à m'y présenter à cette heure.
"Bonjour, avez-vous bien le passeport, l'invitation et l'accord pour le droit à l'image ?
- vivi M'dame, ça fait quinze jour que je vérifie toutes les cinq minutes qu'ils sont là même.
Enregistrement : c'est fait en 25 secondes (je suis seul et sans bagages à enregistrer, comme tous les autres).
"Vous êtes au siège 72G, au pont supérieur"
Bigre, ça fait paquebot comme expression.
Contrôle de sécurité classique, et on arrive ensuite en salle d'embarquement, celle où un A310 est suspendu au plafond. Un buffet de petit déjeûner alléchant s'y trouve et je regrette amèrement de ne pas avoir dormi plus tard et d'avoir déjà déjeûné !
Je prends tout de même un petit café, tout à fait bienvenu, en causant avec un "géomètre"... Son boulot consiste à étudier la forme extérieure des zincs, et là il bosse sur le WBX ou A350 nouveau. Une jeune fille qui travaille elle à St Nazaire sur la résistance des structures nous rejoint dans la causette, et j'ai déjà un aperçu de ce que je vais trouver à bord : toutes les compétences de la société sont présentes ou presque !
Les gens parlent facilement, certes certains se connaissent car ils travaillent sur le même site de production et sont arrivés ensembles à Toulouse (les chinois par exemple), mais il y a quand même quelque chose de plus dans cette salle d'embarquement.
Par exemple tout le monde ou presque est souriant, comme si on avait rassemblé dans une même pièce tous les gagnants du loto, et c'est un peu de cela qu'il s'agit: chaque mesure le pot incroyable qu'il a de pouvoir être parmi les tous premiers PAX de l'A380...
Qu'il se soit vu octroyer un siège en Première, en Business ou en Eco, chacun va savourer ce vol avec délectation, c'est clair, et nul ne se presse.
Au moment de l'embarquement par exemple, quand il commence enfin : point d'agglutinement comme toujours dans ce cas... mais des gens qui respectent les appels en fonction des rangées et qui s'alignent gentiment en une file.
Inouï.
Une fois descendu quelques marches on embarque dans des bus. L'avion n'est en effet pas "au contact" mais garé "au large", on le regardait d'ailleurs avidement depuis la salle d'embarquement, tout en vérifiant sur le plan de la cabine où peut bien se trouver la rangée 72 ou 80...
Une fois le bus au pied de l'avion, on y attend 5 minutes, et la t° commence à bien monter ! Il y a d'autres bus autour et on ne comprend pas pourquoi cette attente. A posteriori, je suppose qu'il nous on gardé en réserve car seul le premier bus débarquait ses PAX, et comme ils étaient abondamment filmés, les responsables ne voulaient pas une cohue à l'écran.
Enfin on nous autorise à sortir du bus...
C'est vrai qu'on a eu tout le temps de l'admirer ce brillant et superbe F-WXXL, puisque telle est son immat' provisoire. Immaculé et portant les logos des compagnies clientes, il est tout simplement magnifique, pas juste imposant, mais dans ces moments-là l'émotionnel l'emporte sur le rationnel je suppose !
Dés l'entrée dans l'appareil on est accueilli par les PNC Lufthansa, très aimable et souriant : pour eux aussi c'est une chance unique et un vol mémorable.
Ils ne parlent guère français mais qu'importe, leur anglais est excellent.
On embarque très logiquement les PAX du pont supérieur en premier.
On marche le long des sièges de la First puis Business avant de trouver nos rangées Eco vers le fon de l'appareil. Ma rangée (72) se trouve être au niveau de l'aile, je suis le long de l'allée mais un peu loin du hublot le plus proche. En me penchant j'aperçois le winglet droit et les pylônes moteurs 3 et 4.
A côté de moi se trouve un jeune homme super sympa avec qui on va beaucoup causer. Il s'occupe de l'OIS,soit le nouvel écran dans le cockpit de l'A380 et sur son PC portable il me montre les pages dont les pilotes vont pouvoir disposer. Cela explique la présence du clavier pour chaque pilote dans ledit cockpit... Un vrai PC sur lequel on consultera, grosso modo, le manuel de l'appareil avec le détail de chaque message de panne et moulte autres infos du même ordre, qui peuvent s'avérer nécessaires.
Il m'annonce au passage que nous sommes à bord du MSN002, bon, je veux bien...
Tout ça c'est bien joli mais il va falloir décoller hein !
Au niveau du volume intérieur, l'avion est excellent : à chaque pont on a un volume libre très appréciable et cela contribue au sentiment d'aise et de confort. Les coffres à bagages sont immenses et notre bagage à main (imposé par Airbus) y tient sans problème. Ils sont un peu haut pour une personne de petite taille, mais c'est le prix à payer pour le volume, et il y aura touojours un aimable grand pour aider.
A l'inverse, le grand qui parcourt l'allée devra être prudent car l'angle d'un coffre à bagage resté ouvert peut lui heurter le visage. Ca a failli m'arriver.
La configuration des sièges est 3-4-3 au pont inférieur et 2-4-2 au supérieur. Chaque pont offre la même impression de volume et de confort. Il y a un escalier droit à l'avant de l'appareil, deux personnes peuvent le monter de front sans être au coude à coude, et un autre à l'arrière, apparemment en virage celui-là, mais il n'était pas accessible pour ce vol d'essai.
Lors de la mise en route des moteurs, un très léger bourdonnement et une très légère vibration, mais je serais absolument incapable de dire quand un nouveau moteur est démarré. Dans un avion ordinaire, on ne s'y trompe pourtant pas...
Pas de bruit disgracieux de PTU bien sûr (Cf le coin à Dom' de la FAQ), et d'ailleurs pas de bruit du tout en fait. J'exagère à peine : le niveau sonore est incroyablement bas par rapport aux autres avions que j'ai empruntés jusque là. On est en quelque sorte content que finalement les concepteurs d'avions se soient préoccupés du bien-être du PAX.
Le roulage est jubilatoire pour tous : ça y est, on y va pour de bon !!! On imagine que tout l'aéroport et même le voisinage, spotteurs compris, a les yeux rivés sur notre F-WXXL.
Alignement, mise en puissance.... toujours un bruit très doux et très feutré en cabine.
La course au décollage me semble longue, mais la piste l'est aussi et j'ai plutôt l'habitude de repartir en CRJ, donc...
L'avion est bien léger aujourd'hui (400 tonnes pour une MTOW de 560) donc ont-ils fait un FLEX ? no sé.
L'équipage est composé de Frank Chapman, Jacques Rosay et Jacques Drappier. Fernando Alonso, autre éminent pilote d'essai de la maison est là aussi, mais en civil. Il va travailler mais pas piloter. Tous sont extrêmements gentils et accessibles.
Grâce au voisin de mon voisin, qui travaille aux OPS et dépose donc les plans de vol, j'ai vu le circuit que l'on va faire.
On va successivement survoler Perpignan, les Baléares, la Sardaigne, la Corse, la Suisse, l'Allemagne du Sud, l'Angleterre, sortir de l'Angleterre par LND, puis la Bretagne avec QPR (VOR de Quimper), sortie de l'espace brestois par LOTEE, ensuite Espagne et Portugal avant de se poser à Toulouse.
Dés que les consignes "ceintures attachées" sont éteintes, je vais flâner du côté du cockpit. C'est grand ouvert et déjà un curieux (ou un membres de l'équipe des essais !) est là à discuter avec Jacques Drappier. Je salue et commence à discuter chiffons. On n'est qu'au FL 290, les Baléares à droite, mais c'est parce que notre montée a été retardée par l'ATC. Ok.
Sinon on va monter au FL 410 pour la croisière et on aura Mach 0.85, l'avion est taillé pour cela.
Bon, j'ai pu regarder à loisir le cockpit et obtenir quelques uns des renseignements qui me seront utiles au boulot, je suis plutôt content.
J'ai rudement bien fait de venir tôt car déjà des curieux se massent devant le cockpit. Bientôt il y aura une file d'attente et pendant tout le vol des annonces seront faites pour remercier les gens de leur enthousiasme, mais qu'il ne faut pas encombrer non plus l'avant de l'appareil, donc chacun son tour.
Ce sera en vain et jamais jusqu'au début de descente la queue ne diminuera !
Contrairement à un vol normal, et on y est vivement encouragé aussi, les gens se balaldent énormément.
On va voir le collègue qui a eu la chance de tomber en First, on va voir le pont inférieur, passage aux water closet, etc.... Le tout toujours dans une bonne humeur qui ne se dément pas. C'est un vol de rêve et chacun prend plaisir à être là, même certains qui d'ordinaire ne sont pas à l'aise en avion.
Ainsi Almudena, jeune espagnole qui travaille pour Airbus Military a-t-elle le sourire, alors que dans le Dash-8 qui ce soir va la ramener à Madrid....
Dans l'ensemble l'A380 est quand même l'avion qui peut réconcilier les gens avec le transport aérien : fini les bruits et les vibrations, et le tout dans une cabine spacieuse.
Un chinois sympa me fera essayer son siège basculant en First : vraiment le top. Même un grand gabarit comme moi (1,86 m) tient allongé tout droit dans le siège en position horizontale. Pour lui qui est plutôt petit, c'est immense. Je pensais qu'il faisait partie d'une compagnie cliente, d'où un traitement de faveur, mais pas du tout. Il travaille en Chine pour Airbus et a lui aussi eu du pot au tirage au sort.
Heureusement qu'il parle parfaitement anglais, les annonces étant déjà faites systématiquement en 4 langues, j'aurais moyennement apprécié qu'on rajoute le chinois mandarin !
Dure à climatiser aussi cette cabine, non ?
C'est un peu ce que je craignais, et suivant les conseils d'Airbus j'étais venu en chemisette, avec un pull dans le sac "au cas où".
Dans les longs vols en effet, on finit toujours par se geler parce qu'on reçoit de l'air froid.
Pas là.
Dans toutes les zones c'était pareil : la température était juste bien, ni trop élevée ni trop basse. Pas de courant d'air non plus. Donc mission accomplie de ce côté-là itou. Chapeau les gars.
En concertation avec mon voisin, nous mettons en oeuvre de découvrir les fonctionalités de l'IFE (In Flight Entertainment = divertissement en vol), soit le petit écran en face de nous, pour lequel la télécommande est à main droite, reliée (par un cordon élastique déroulable) à l'acoudoir où elle vient s'encastrer.
Il s'agit du système i-5000 de Thalès et franchement c'est génial. Bon, le délai entre l'appui sur une flèche (écran tactile) et l'apparition de l'écran suivant est un peu long, c'est vrai, mais on s'y fait. Là c'est tout en anglais, films compris, mais j'imagine que sur Air France par exemple ce ne sera pas le cas. J'imagine aussi, hélas, que le choix de film ne sera pas aussi étendu. Là il y avait une dizaine de catégories de films (action, aventure, comédie, etc...) et une dizaine de films par genre...
Du coup on feuillette le catalogue, mais on ne va pas passer un tel vol à regarder un film ! Ensuite on essaye les jeux et là aussi le choix est impressionnant : mots croisés, mini-golf, "qui veut gagner des millions", quizz (dont une catégorie "aviation" !!) et bataille navale.
Pour plusieurs de ces jeux il est possible de jouer contre un autre passager donc mon voisin et moi on se lance dans une série de batailles navales archimédiques, et je reste poli.
Le repas est servi, identique pour tous à bord et issu d'une classe Business. C'est très bon, c'est clair, et sur le plateau figurent une salière et un poivrier spécialement créés pour célébrer l'évènement. Souci du détail encore...
En guise d'apéro, mon voisin et moi trinquons à la santé de l'A380, avec une boisson à bulle de circonstance (avec modération bien sûr).
Dans une ambiance toujours aussi joyeuse et festive on nous annonce que la descente vers Toulouse va commencer.
Du coup on passe sur le canal 9 de l'IFE : c'est la vidéo de la caméra située dans la dérive de l'avion.
On a du coup une vue magnifique sur une descente banzaï, AF sortis, depuis le FL 410 je le rappelle.
Le respect des horaires pour ce premier vol était primordial, pour plusieurs raisons : beaucoup d'employés ont des avions à prendre au retour, et puis la ponctualité sur ce premier vol sera particulièrement vérifiée par les media, dans un contxte de retard du programme.
Donc on fait taire toute critique et on revient 3 minutes avant l'heure, ah mais !
Voilà, c'est fini.
On vient de faire le tour de l'Europe, de passer 7 heures dans un avion et je ne suis absolument pas fatigué.
Si on me proposait de repartir sur le champ j'en serais ravi !
J'avais bien sûr apporté un livre ("VC's of the air") et bien qu'il soit excellent, je n'ai pas trouvé une minute en sept heures pour l'ouvrir....
Donc non Charles, l'avion n'est pas nul, bien au contraire !
On s'y sent drôlement bien et c'est pitié que si peu aient été commandé par Air France pour le moment.
Pas étonnant que des compagnies comme Singapore ou Emirates figurent parmi les premiers clients : j'ai toujours entendu dire qu'elles excellaient dans le confort du PAX. Et là Airbus va leur fournir, avec un peu de retard certes, l'arme absolue.
Boeing peut encore longtemps rallonger son 747 de 1969 !
Pardon, c'est pas bien de se moquer.
Tout comme le jeune homme interrogé à la TV, le seul truc à reprocher, en cherchant bien, était effectivement la position du rouleau de PQ... Pas de quoi annuler le programme donc.
Voilà, il me semblait normal de vous faire partager tout ça tant que c'était encore frais dans ma mémoire.
félicitations .... chouette expérience .... vivement qu'on puisse le prendre en ligne !
ça me rappele un vol que j'avais fait en Awacs ya 8 ou 9 ans ... aussi passé 7 heures à vadrouiller d'un poste à l'autre , posé des questions à gauche et à droite mais hélas pas de champ' ;o) juste des sandwichs club armée de l'air et du kawa tiède ... et le pilote a décidé de faire une dizaine de touch and go en rentrant alors que tout le monde pensait la mission finie ! c'était looong très looong .
nountchak a écrit :
ça me rappele un vol que j'avais fait en Awacs ya 8 ou 9 ans ... aussi passé 7 heures à vadrouiller d'un poste à l'autre , posé des questions à gauche et à droite mais hélas pas de champ' ;o) juste des sandwichs club armée de l'air et du kawa tiède ... et le pilote a décidé de faire une dizaine de touch and go en rentrant alors que tout le monde pensait la mission finie ! c'était looong très looong .
Et pourtant je suis sûr que ce vol reste un bon souvenir, non ?
C'est aussi le genre de truc qui ne se fait pas tous les 4 matins pour l'immense majorité d'entre nous.
nountchak a écrit :
ça me rappele un vol que j'avais fait en Awacs ya 8 ou 9 ans ... aussi passé 7 heures à vadrouiller d'un poste à l'autre , posé des questions à gauche et à droite mais hélas pas de champ' ;o) juste des sandwichs club armée de l'air et du kawa tiède ... et le pilote a décidé de faire une dizaine de touch and go en rentrant alors que tout le monde pensait la mission finie ! c'était looong très looong .
Et pourtant je suis sûr que ce vol reste un bon souvenir, non ?
C'est aussi le genre de truc qui ne se fait pas tous les 4 matins pour l'immense majorité d'entre nous.
bien sur , très très bons souvenirs ..... ton histoire m´a remis ce vol en mémoire.
J´éspére aussi que la Luft va venir faire des tours de piste sur mon terrain , on a la chance d´avoir une piste de 3000 M et ils viennent 2 ou 3 fois par mois avec leurs MD11 , B747 et autres A340 600 .... vivement
l´A380 !!!